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11 février : A l’expiration de ma permission je suis de retour à Joigny. Comme c’est aujourd’hui dimanche j’en profite pour visiter la ville qui est fort pittoresque surtout à cause de sa situation sur les pentes de la fameuse côte St Jacques en haut de laquelle vient mourir la forêt d’Othe et qui produit un vin renommé malheureusement presque introuvable à l’heure actuelle. La ville, naturellement très escarpée, possède un grand nombre de maisons du 16ème siècle et quelques unes peut-être plus ancienne. L’Yonne qui sépare la ville proprement dite du faubourg de la gare est une belle rivière, cependant peu navigable. En somme Joigny est une ville agréable, surtout pour moi à cause de la proximité de Paris. Nous menons une vie fort paisible et plusieurs de nos camarades ont même fait venir leurs épouses.​

14 février : Les petits ennuis commencent à nous assaillir et tout d’abord une note supprimant les permissions de 24 heures pour tous les hommes qui doivent emprunter le chemin de fer, sous prétexte de faire des économies de charbon ! Quand je pense qu’on en a dépensé inutilement des dizaines de tonnes pour nous faire venir d’Esternay jusqu’ici ! Mais le plus grave c’est que je dois laisser au dépôt Lemasson, mon chef Émerit, 4 sous officiers, 4 brigadiers et 1/3 de mes poilus ! Je suis absolument dégoûté de cela, mais il n’y a rien d’autre à faire qu’à obéir. Enfin samedi prochain je dois partir avec Dumay et quelques gradés pour Chartres où nous devons suivre un cours sur le 155 court Schneider : nous séjournerons dans cette ville une huitaine de jours.

15 février : Depuis l’évacuation du docteur Beaumelle nous n’avons pas de médecin au groupe mais simplement un un médecin auxiliaire le brave Fettin aussi depuis notre arrivée au dépôt je fais tous mes efforts pour que l’on m’affecte mon beau-frère le docteur Delacour en ce moment à Orléans, relevé du front. Le commandant Annibert qui a l’intention de faire venir au groupe son futur gendre ne seconde pas du tout nos efforts, cependant je ne suis pas trop surpris ce matin en revenant de Joigny avec Lemasson de me trouver nez à nez avec René qui m’explique qu’il est affecté provisoirement à l’hôpital de Villeneuve l’Archevêque qui comprend 40 lits et pas de malades. Sa destination définitive est pour le 11ème groupe en formation mais je pense qu’il sera facile d’obtenir une mutation pour notre groupe.

17 février : A 6 heures du matin accompagnés du commandant nous prenons le train pour nous rendre au camp de Chartres. Après un arrêt à Paris nous arrivons à Chartres à 22h30.

18 février : Dès le matin nous sommes convoqués au quartier de 26ème d’artillerie commandé par le général Gasselin,  une vieille baderne, ancien capitaine au 31ème d’artillerie. Le cours est fait par le capitaine Leydet assisté d’un adjudant mécanicien. En quelques séances on nous explique le fonctionnement de ce nouveau canon de 155C Schneider qui est une pièce vraiment intéressante. Contrairement au Rimailho la pièce ne se démonte pas en 2 parties pour le transport, elle est, de ce fait un peu plus lourde. Elle tire les mêmes obus que le Rimailho et emploie une douille sensiblement pareille mais la portée est bien plus considérable puisqu’elle atteint près de 13 000 mètres avec les obus D. Le frein de la pièce ainsi que l’appareil de pointage sont nettement différents de ce qui est employé dans le Rimailho. En somme je crois que nous ne perdons pas au change. Les séances d’instruction ne sont pas très absorbantes et comme nous avons des loisirs nous en profitons pour visiter la ville qui est fort intéressante. Nous vivons d’ailleurs presque tous la vie de famille ce  qui est fort agréable. Enfin après un séjour d’une semaine nous repartons de Chartres le 25 par le train de 10h15 et le lendemain matin, tout le monde est à nouveau rassemblé à Paroy.

Notre séjour à Paroy continue à manquer complètement d’imprévu. Notre organisation ou plutôt notre désorganisation continue avec une sage lenteur. Lemasson et Gadet sont définitivement affectés au 11ème groupe qui s’organise péniblement ainsi que Teinturier qui prendra le commandement d’une batterie.

28 février : Dans l’après-midi je vais avec Dumay, de Blois et Fettin reconnaître le champ de tir près de Brion près de Laroche où nous devons effectuer une école à feu avant notre départ pour le front.

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