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1er août : Dans la soirée 30 hommes nous arrivent encore des colonnes légères, mais nous apprenons bientôt qu’il faut les envoyer à la 2ème batterie ce dont nous sommes fort aises, puisque nous avons assez de monde en ce moment.

2 août : Nos travaux sont poussés avec une grande activité. Malheureusement le capitaine ne va pas bien du tout en ce moment aussi dans l’après-midi je vais à sa place toucher la solde à Clermont ce qui est pour moi l’occasion d’une promenade. Avec tout cela je ne pars toujours pas en permission et ne comprends absolument rien à la manière dont le tour de départ est réglé.

août : Dans l’après-midi, accompagné de capitaine qui va un peu mieux je vais faire un tour du côté de la Croix de Pierre. Encore une attaque à gauche sur la Fontaine aux Charmes.

août : Ce soir dans notre maison grand diner pour l’anniversaire de l’abbé Henry auquel assiste en plus de notre bon aumônier, le père Bailly, le capitaine Menu du 45ème  et Lucien (NDLR/son beau-frère) qui est justement venu me dire bonjour de son cantonnement.

Le repas est, comme toujours, très gai grâce à la verve de l’abbé Henry qui nous raconte quelques histoires fort drôles sur les jésuites pour faire enrager ce bon père Bailly : « Savez-vous ce que veulent dire les initiales A.M.D.G. qu’on lit sur toutes les églises du 17ème siècle construites par les jésuites ? – Sans doute ! Cela veut dire : Ad majorem Dei gloriam ! – Non, cela veut dire : association mutuelle de gredins.

Histoires de chanoines. Il était une fois un chapitre de cathédrale revenant en char à bancs d’un dîner copieux chez un curé des environs. La chère avait sans doute été copieuse et les vins généreux, car l’un des chanoines, celui que, à cause de ses fonctions on nomme le théologal, dormait à poings fermés sous une banquette au fond de la voiture, on s’arrête au bureau de l’octroi. « Vous n’avez rien à déclarer ? » demande le préposé. « Ma fois si, répond un chanoine facétieux, nous avons un théologal au fond de la voiture. » - « Un théologal ? Vous dites un théologal ? Euh….. ! Euh….. ! Ça se paye comme un veau ! » - «  Vous n’avez pas l’air d’aimer beaucoup les chanoines, monsieur l’abbé, demande l’un de nous, ce sont pourtant des gens parfaitement respectables et qui ont de grandes qualités ! – Oui, il en faut trois : il faut être riche, beau, et bête. On passe quelques fois sur les deux premières qualités mais jamais sur  la troisième ! » - « Mais il me semble, monsieur l’abbé, que vous êtes chanoine de Saint Dié ? » - « Oui, on m’a nommé malgré moi. Comme je disais beaucoup de mal des chanoines on a pensé me fermer la bouche en me nommant. Vous voyez cela n’a servi à rien. »

Histoire du curé vosgien. Un curé vosgien est appelé un soir au chevet d’un moribond dans une misérable demeure. Il entre s’approche du malade, son crucifix à la main, une bougie de l’autre et commence à l’exhorter à bien mourir. Il commence d’abord à demander au moribond de regretter tous ses péchés qui ont causé la mort du Christ sur la Croix : « Voyez mon frère, dit-il en montrant le corps du Divin Supplicié, c’est par vos péchés que vous avez causé la mort du fils de Dieu, ces trous dans ses mains et dans ses pied, c’est vous qui les avez faits, cette plaie ouverte dans son côté, c’est encore votre œuvre ». Pendant ces véhémentes exhortations au repentir la main droite qui encourage et tient le luminaire se rapproche de l’autre main qui tient le crucifix. Déjà la flamme lèche le bois de la Croix. A cette vue le moribond rassemble ses forces pour interpeller le prêtre : « c’est ça, brûle z’y encore le ventre….. Et pis tu diras que c’est moi ! »

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Depuis que la batterie est tout entière rassemblée à La Chalade ses objectifs sont ceux du secteur de la 125ème D.I. c'est-à-dire entre le Four de Paris et l’ouvrage O.Q. au milieu de la Fille Morte. C’est cette partie du front et en particulier la Fille Morte qui sera maintenant pour nous le centre de notre activité.

8 août : Les Allemands sont toujours très actifs et j’apprends qu’ils se sont emparés dans la nuit de l’ouvrage  nommé le Doigt de Gant. C’est une tranchée avançant en forme de cap dans les lignes allemandes et mesurant environ 80 mètres de longueur sur 20 mètres de largeur. C’était pour nous une excellente zone d’observatoire permettant d’avoir de très bonnes vues sur le ravin des Meurissons, principalement du côté de la cote 285 aussi ordre est-il donné à l’infanterie de reprendre cette tranchée après préparation par le tir d’artillerie dont nous sommes. Comme la batterie de la Chalade est assez mal réglée dans ce secteur je pars à midi pour la région du Doigt de Gant accompagné de Collin et d’un téléphoniste auxiliaire Gilain, conducteur à la batterie, très mauvaise tête, passablement indiscipliné mais très brave. J’ai eu l’occasion de mettre sa bravoure à l’épreuve le 13 juillet, aussi maintenant je l’emmène avec moi dans les mauvais coins. C’est aussi un garçon d’une force herculéenne et si je suis blessé il n’aura pas beaucoup de peine à me ramener sur son dos. Nous partons donc à cheval par La Chalade et le chemin Gouraud puis  laissons nos chevaux sur le plateau au sud des Courtes Chausses nous descendons dans le ravin au poste de commandement du Cottage. Il y a à cet endroit un vrai village de cagnas dont quelques-unes sont assez pittoresques. Au PC  je trouve un commandant du 76ème qui me met rapidement au courant de la situation. Pour exécuter mon réglage le plus  simple est de me mettre en rapport avec le lieutenant observateur Delagarde qui est en ce moment dans la tranchée de première ligne à l’ouest du Doigt de Gant où je ne tarde pas à le rejoindre. Il est en ce moment en train de régler le 80 de montagne du Mont de Villers naturellement il se sert de sa ligne téléphonique. D’ailleurs c’est sur le versant ouest de préférence que je dois chercher un observatoire puisque c’est sur cette région que nous devons régler. J’essaye donc  d’atteindre la région ouest du Doigt de Gand en suivant la tranchée de première ligne et j’arrive bientôt à la base de l’ouvrage. Impossible d’en faire le tour puisque les allemands l’occupent : un barrage de sacs à terre empêche d’ailleurs d’aller plus loin. Pour rejoindre l’autre branche de l’U un boyau est en construction mais n’est pas terminé. Force m’est donc de rétrograder un peu et de faire le tour par la tranchée de deuxième ligne encombrée de fantassins endormis. Tout ce coin garde des traces lugubres du combat de la nuit et je suis obligé d’enjamber dans le boyau plusieurs cadavres de fantassins qu’on n’a pu enlever. D’autres s’aperçoivent dans les fils de fer au-dessus de la tranchée : ce sont les victimes d’une contre-attaque tentée vainement dans la nuit et que l’on pourra sans doute enlever la semaine prochaine. C’est pour cela qu’un caporal parcourt le boyau un papier à la main : »Dupont ! Corvée de macchabées cette nuit ! – Ah ! M…. j’y étais déjà l’aut’ nuit ! – Je m’en fous ! Durand ! Corvée de macchabées ». De la partie ouest la vue est assez bonne. J’avance en rampant jusqu’au petit poste de gauche où les fantassins commencent à creuser l’autre  partie du boyau qui doit rejoindre celui de droite et érigent un barrage de sacs à terre au-delà duquel sont les boches à 10 mètres de nous. Le bruit de leurs voix nous arrive très distinctement et surtout le bruit de leurs outils car ils travaillent activement à rétablir la communication de nos anciennes lignes avec les leurs. De cet endroit je vais pouvoir observer assez facilement, aussi j’envoie Collin et Gilain essayer de m’établir une ligne téléphonique avec le Cottage.

Après deux heures d’attente que je passe à inspecter le secteur, Collin revient et me dit qu’il ne peut installer de ligne téléphonique n’ayant que 500 mètres de fil alors qu’il en faudrait 1200. Il n’y a donc rien à faire et comme l’ordre de tir n’est pas impératif je me décide à redescendre et en arrivant au poste téléphonique je me mets en communication avec Chavane auquel je fais part de mes difficultés. Cependant comme il y avait grand intérêt pour nous à être réglés, nous convenons d’envoyer un coup sur un objectif voisin du Doigt de Gant et appelé Pont Lemoine et de tirer ensuite deux coups un peu plus à droite en déportant à chaque fois le tir d’une soixante de mètres. Il est à ce moment 16h35 et nous convenons de tirer à 17h45. C’est plus de temps qu’il n’en faut pour remonter à mon observatoire. Le dernier coup tiré est encore trop à gauche aussi en redescendant je r appelle la batterie mais cette fois  c’est le capitaine qui me répond et me confirme qu’il faut absolument poursuivre le réglage. Je me  décide alors à faire dérouler les 500 mètres de fil que nous avons ce sera toujours un peu moins de chemin que nous aurons à faire pour téléphoner. En fait notre fil n’est trop court que de 300 à 400 mètres. A 17h45 notre ligne est placée et après avoir convenu avec le capitaine de tirer encore six coups en les échelonnant de 20m en 20m vers la droite. Je remonte une fois de plus à mon observatoire au pas accéléré. Le tir ne doit être déclenché qu’à 18h10 aussi ai-je tout mon temps. Que faire  en attendant ? J’examine le secteur et j’aperçois les Boches qui me narguent à une trentaine de mètres en creusant leurs tranchées sans être inquiétés. D’un mouvement rythmé leurs pelles et leurs pioches s’élèvent au-dessus du parapet et ce serait vraiment dommage de ne pas profiter d’une si belle cible. Saisissant le fusil d’un fantassin je m’amuse à faire un carton sur ces objectifs éminemment mobiles. Au bout de 2 ou 3 balles assez bien placées les Boches s’inquiètent et les pelles cessent pour un instant de se montrer. Dès qu’elles se montrent à nouveau d’autres balles non moins bien ajustées les forcent à se tenir tranquille mais je me lasse à ce jeu plus vite que les Boches. D’ailleurs il est 18h10 et le premier coup de mon tir arrive en ronflant. Les autres suivent d’assez près, mais dès le 4ème coup le tir me parait à droite et surtout trop court. Je me précipiter avec Gilain vers le poste téléphonique pour faire cesser le tir mais à peine avons-nous fait quelques mètres que le 5ème et le 6ème coup arrivent très courts et, je crois même, dans nos lignes. Cependant ces quelques coups me permettent de donner au capitaine quelques renseignements utiles. Le tir efficacité doit commencer vers 19 heures et il est déjà 18h40, je n’ai donc que le temps de remonter pour assister à ce tir qui doit qui préparer l’attaque mais je le surveillerai cette fois depuis le versant est car c’est de là que je peux le mieux juger de l’effet. Bientôt l’artillerie française et notre batterie en particulier commence une vigoureuse canonnade à laquelle les Boches répondent d’ailleurs d’une manière non moins vigoureuse. Notre tir me parait très bon mais celui des boches ne parait pas mauvais non plus. Les torpilles boches tombent autour de nous et éclatent avec un brui déchirant en projetant autour d’elles des nuages de pierres et débris d’arbres. L’une d’elle arrive tout près de nous en ronflant et s’écrase sur le sol avec un bruit mat. Croyant qu’elle n’a pas éclaté je me mets à rire et vais pour me hisser sur le parapet afin de voir où elle est tombée. Heureusement un fantassin placé » près de moi mes saisit par l’épaule : « Méfiez-vous mon lieutenant ! » Au même instant la torpille éclate et envoie en l’air une masse de pierres dont une pesant plusieurs kilogrammes me tombe entre les deux omoplates. Gilain est fou de joie et pour peu il sauterait chez les Boches. Notre présence ici ne servant plus à rien je me décide à redescendre mais ce n’est pas l’avis de Gilain « qui veut en avoir pour son argent ». Ce qui me décide aussi à rentrer c’est qu’il est 19h40 et que nous allons bientôt être pris par la nuit. C’est aussi que l’attaque va se déclencher dans quelques minutes et que nous risquons de ne plus pouvoir descendre. Arrivé à mon poste téléphonique je rends compte au capitaine de ma mission. Il va falloir maintenant démonter notre ligne de 500 mètres ce qui ne sera pas drôle car les Boches commencent à tirer sur le boyau des salves de 105 fusants qui arrivent par quatre à des intervalles assez rapprochés. Mes deux hommes heureusement n’ont peur ni l’un ni l’autre et effectuent leur travail avec le plus grand calme sans se soucier des éclats qui pleuvent autour de nous. Il me semble que nous n’avançons guère dans le bobinage de notre fil et pour nous retarder encore voilà qu’une troupe d’infanterie s’avance à notre rencontre dans le boyau. C’est une compagnie du 131ème d’infanterie suivie d’une compagnie du 66ème bataillon de chasseurs à pied chargée de mener l’attaque du Doigt de Gant. Les hommes sont armés de pied en cap, les musettes bourrées de grenades et ce n’est qu’avec peine que nous pouvons nous croiser dans le boyau étroit. A un tournant je suis obligé de m’effacer complètement dans un coin pour laisser passer un sergent particulièrement volumineux et quelle n’est pas ma surprise de reconnaitre dans la personne de  ce chasseur mon vieux camarade de lycée Bourdin avec lequel j’ai été voisin pendant 15 ans à Bourg la Reine ! Cette rencontre inattendue nous remplit l’un et l’autre d’une grande joie et c’est de tout mon cœur que j’embrasse ce brave garçon en lui souhaitant bonne chance. Les Boches tirent toujours sur le boyau et c’est vraiment par un hasard extraordinaire que nous arrivons au poste 03 en passant entre deux rafales. A peine sommes-nous entrés dans le poste que 2 ou 3 rafales de 105 arrivent sur le Cottage. Il commence à faire maintenant presque nuit mais la lueur des éclatements produit l’effet d’éclairs de magnésium. Profitant d’une accalmie nous nous précipitons au dehors mais à peine avons-nous franchi le petit pont qui traverse le ruisseau des Courtes Chausses que de nouvelles rafales de 105 éclatent derrière nous. Les éclats nous enveloppent. L’artillerie française tonne également sans arrêt, en ligne la fusillade fait rage et le vacarme est si fort qu’il est impossible de s’entendre.Lorsque nous arrivons sur le plateau il fait nuit noire et nous ne pouvons retrouver nos chevaux qui ne sont plus là où nous les avons laissés. Inutile d’appeler, le bruit de la canonnade couvre notre voix. Pendant un temps assez long nous errons sur le plateau dans une obscurité d’encre au milieu des balles. J’aperçois enfin dans le bois une lumière vers laquelle je me dirige : c’est un poste occupé par la liaison du 1er bataillon du 131ème d’infanterie. Comme j’arrive près de l’entrée de l’abri, je sens le long du cou une impression de chaleur en même temps qu’un sifflement. Je me laisse presque choir dans l’abri en m’écriant : « Je suis touché !» Les hommes se précipitent vers moi pour me porter secours mais je ne tarde pas à m’apercevoir que, pour cette fois encore, je suis passé à côté. La balle m’a simplement effleuré sans entamer la peau. Remis de cette petite émotion je demande aux poilus de me conduire près du commandant de bataillon qui est justement le commandant Sdilon ? que j’ai vu au printemps au réduit de 263. Je lui demande d’abord le mot d’ordre pour la nuit et ensuite des nouvelles de mes chevaux. Heureusement un des poilus présents les avait vus à un endroit où il me conduit. Je retrouve en effet Davignon, mon planton, et nos 5 chevaux tous sains et saufs. Davignon m’explique qu’il a du abandonner l’endroit où je l’avais laissé à cause du marmitage. Sans perdre une minute je remonte à cheval mais la nuit est si noire et le chemin si mauvais que nous devons parcourir au pas toute la crête au milieu des balles qui ne cessent pas de siffler. Mon cheval Agio n’est pas rassuré du tout. Enfin vers 20h30 nous arrivons sans encombre à la position de batterie où se trouvent le capitaine, Chavane et Dumay qui commençaient à être inquiets sur mon sort. La batterie tire encore mais bientôt l’ordre de cesser le feu nous arrive. Plus de 200 coups ont été tirés sans résultats d’ailleurs comme nous l’apprenons bientôt par un coup de téléphone du PC. Le Doigt de Gant n’est pas repris. A 21 heures je suis de nouveau au Claon passablement éreinté par cette rude journée.

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15 août : La situation est fort calme ces jours ci et nous en profitons pour pousser activement nos travaux d’installation à la position de batterie. Le casematage de nos pièces avance ainsi que la construction de nos abris à munitions. Nous avons également en construction un poste téléphonique et un poste de commandement. Enfin, Chavane qui ne perd jamais de vue la question du confort fait construire une cagna aérienne pour se tenir dans la journée. Enfin, comble de raffinement il fait construire un appareil à douches !

Si les civils savaient cela ils nous accuseraient certainement de nous « installer dans la guerre ».

Dans l’après-midi notre  agent de liaison qui rentre de Clermont apporte au capitaine une enveloppe : ce sont deux Croix de guerre que le colonel Peyronnel nous envoie de cette manière désinvolte qui ne nous étonne d’ailleurs pas. Dans l’infanterie on est un peu moins mufle et les Croix de guerre sont remises au cours d’une prise d’armes dont nous avons eu un exemple ces journées donné par le 131ème d’infanterie.

16 août : Ce brave Bourdin s’est tiré sans dommages de l’attaque de l’autre jour et je suis bien heureux de pouvoir l’en féliciter.

17 août : Depuis plusieurs jours le bruit court que nous allons nous en aller. En fait notre position complémentaire de première  ligne est occupée par une batterie de 155 court modèle 1881 servie par des artilleurs coloniaux. Aujourd’hui encore les Allemands attaquent du côté de la Fontaine aux Charmes.

19 août : Notre camarade de Blois si grièvement blessé l’année dernière vient de rentrer au groupe. Il vient aujourd’hui déjeuner avec nous et je suis heureux de constater que sa blessure est parfaitement raccommodé à part Qu’il lui manque 18 dents remplacées par un râtelier. Il nous raconte son évacuation : mis dans un train de blessés dirigés vers le midi à une allure extra lente, le médecin du train le débarque à Lyon craignant de le voir mourir en route. A Lyon, de Blois a la chance de tomber entre les mains d’un homme de grande valeur spécialiste des affections de la bouche et des fosses nasales et qui entreprend la réfection des dégâts importants causés par l’éclat d’obus : 18 dents sont arrachées ou brisées, les maxillaires endommagés ainsi que le palais, la langue est à moitié sectionnée. Au bout de 4 mois de soins assidus le mal est réparé.

20 août : Ce brave Debray qui s’ennuie à mourir auprès du commandant Armibert vient déjeuner aujourd’hui avec nous. L’après-midi comme nous devons aller, le capitaine et moi, dans un secteur de F4 il demande la permission de nous accompagner. Par le Chalet et le boyau du même nom nous arrivons assez rapidement en première ligne où nous devons faire notre reconnaissance. La plus grande présence s’impose car les lignes allemandes ne sont qu’à une vingtaine de mètres des nôtres tout au plus et dès que les allemands entendent un bruit suspect les grenades arrivent. Grace au périscope nous pouvons voir cependant ce que nous désirons. Après une petite visite aux fantassins nous prenons le chemin du retour qui s’effectue sans encombre. Ce secteur de F4, lieu de l’attaque des garibaldiens le 5 janvier, est très retourné par les obus comme les photographies le montrent bien.

En remplacement de Bachelier nous recevons aujourd’hui un jeune aspirant nommé Gadet et candidat à Centrale.

23 août : Ma permission est enfin arrivée ! Cette nuit à 2 heures je prendrai le train aux Islettes et pour déjeuner je serai à Paris. Je ne me tiens plus de joie ! Depuis six semaines qu’on me faisait attendre, je commençais à ne plus y croire. J’emmène avec moi un jeune cabot de quelques mois, fils de l’épagneul de Teinturier et de la chienne fox terrier de Chavane et qui répond au nom de « Poilu ». Il a été élevé par un de mes maréchaux ferrants nommé Jardin et qui porte un bien joli prénom : Léocadie ! Il est vrai que le maître pointeur Gauquelin a comme prénom Dollar, et que le peu belliqueux canonnier conducteur de 2ème classe Egret est affublé des trois prénoms Hoche Kléber Marceau !!

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